INTRODUCTION
Dans toutes les langues et dâun bout Ă lâautre de la planĂšte, les jurons, les injures et les blasphĂšmes sont privilĂ©giĂ©s des locuteurs pour marquer leur propos. En effet, « [C]haque sociĂ©tĂ© a, Ă sa disposition, un arsenal de termes dĂ©prĂ©ciatifs » qui « renvoie Ă un besoin dâaffirmation identitaire » (Hennuy 28). Lâensemble de ces jurons, injures et blasphĂšmes exploitent les tabous dâune sociĂ©tĂ© donnĂ©e. Bien entendu, le contexte socio-politique dâune sociĂ©tĂ© en est pour beaucoup dans la crĂ©ation, lâĂ©volution et le maintien de ces pratiques linguistiques. La France, dont le « long processus de laĂŻcisation et de sĂ©cularisation [est] engagĂ© depuis la rĂ©volution française » (« Promulgation de la loi relative ».) nâexploite pas les mĂȘmes tabous que le QuĂ©bec, oĂč ce mĂȘme processus de laĂŻcisation s'est fait beaucoup plus tard. Dans cette province canadienne, il faut attendre la rĂ©volution tranquille des annĂ©es soixante qui suit la fin du rĂšgne de Maurice Duplessis et, consĂ©quemment, la fin dâune pĂ©riode communĂ©ment appelĂ©e la « Grande Noirceur » (LacoursiĂšre 164). Si le lexique catholique nourrit dĂ©jĂ le vocabulaire des blasphĂšmes depuis longtemps, il alimente tout au long des XIX et XXe siĂšcles, le lexique des sacres quĂ©bĂ©cois. Ă lâaide dâĂ©tudes qui sâĂ©tendent sur une pĂ©riode dâenviron quarante ans (1978-2017), ce texte prĂ©sentera dâabord un essai de dĂ©finition, tant des origines que des considĂ©rations sĂ©mantiques entourant la notion du sacre[1]. Ensuite, des explications suivront sur lâĂ©volution diastratique et diachronique de lâusage du sacre quĂ©bĂ©cois[2].
CONSIDĂRATIONS HISTORIQUES ET SĂMANTIQUES
Dans son ouvrage intitulĂ© Une histoire du QuĂ©bec, Jacques LacoursiĂšre raconte le rĂ©cit de la conquĂȘte, un Ă©vĂ©nement profondĂ©ment perturbateur pour le peuple canadien-français. En effet, « le sort de lâancienne colonie française est rĂ©glĂ© dĂ©finitivement le 10 fĂ©vrier 1763 » par la signature dâun traitĂ© de paix (71). Du jour au lendemain, les Canadiens-Français deviennent des sujets britanniques, ne partageant ni la langue, ni la religion de leur nouvelle reine (70-72). Les Canadiens-Français rĂ©sistent Ă l'assimilation linguistique et religieuse. Cependant, lâemprise du clergĂ© dĂ©passe les murs de lâĂ©glise pour sâancrer dans lâĂ©ducation, la littĂ©rature et la politique (entre autres). Cette mainmise quâa la religion sur le peuple exacerbe et amplifie lâusage des sacres qui, « invoquant d'abord Dieu », sâĂ©tendent vers « plusieurs Ă©lĂ©ments du vocabulaire religieux, majoritairement aux objets de culte, personnages ou noms de rituels. Certains de ces jurons sont devenus des sacres », explique Diane Blanchet dans son mĂ©moire de 2017 (5). Les dĂ©cennies se succĂšdent et vers le milieu du XXe siĂšcle, le QuĂ©bec est Ă la veille dâune rĂ©volution. La rĂ©volution tranquille succĂšde au rĂšgne de Maurice Duplessis dans la province et souligne la fin dâune Ă©poque communĂ©ment appelĂ©e La Grande Noirceur, dĂ©cennie de censure et de conservatisme, tant religieux que social (LacoursiĂšre 164). La mort subite de Duplessis en 1959 annonce la fin de La Grande Noirceur. Selon lâautrice et professeure de sociolinguistique Diane Vincent, la laĂŻcisation de la province, qui se concrĂ©tise lors des annĂ©es soixante, a pour effet « lâaffaiblissement du pouvoir clĂ©rical, la diminution de la pratique religieuse et la banalisation de lâusage des sacres » (1). Une vingtaine dâannĂ©es plus tard, les premiers ouvrages sur la question du sacre paraissent. Si le phĂ©nomĂšne existait dĂ©jĂ depuis des dĂ©cennies, la censure clĂ©ricale et Ă©tatique a empĂȘchĂ© lâĂ©tude et la publication dâouvrages sur la question. Donc, lorsque paraissent les premiĂšres Ă©tudes, tel que lâindique Vincent, le fait de sacrer correspond davantage Ă une « transgression sociale que religieuse » (1). Si, Ă lâorigine, le sacre tĂ©moigne dâun dĂ©sir probable de rĂ©bellion, de laĂŻcitĂ© et de subversion chez le locuteur, les liens qui unissent le sacre Ă la religion sâaffaiblissent au fil du temps. Selon Blanchet, « [L]e blaspheÌme semble relieÌ aÌ une intention d'offenser dieu, au contraire du sacre qui, quant aÌ lui, n'eÌvoque plus le sens originel et religieux du terme » (5). Quâest-ce quâun sacre alors? Dans leur ouvrage intitulĂ© lâEmpire du sacre quĂ©bĂ©cois, publiĂ© en 1984, ClĂ©ment LĂ©garĂ© et AndrĂ© BougaĂŻeff procĂšdent Ă la dĂ©finition du sacre en Ă©numĂ©rant ce quâil nâest pas:
Le sacre quĂ©bĂ©cois qui Ă©merge de ce fond gĂ©nĂ©ral livre aussi dâemblĂ©e ses diffĂ©rences significatives. Il participe au juron, mais il nâest pas de soi injure. Il empiĂšte sur le champ sĂ©mantique du sacrĂ©, mais il nâest assimilable ni Ă l'exĂ©cration ni Ă lâimprĂ©cation ni Ă la malĂ©diction. Au sens Ă©tymologique du terme, il profane le sacrĂ©, mais il nâest pas de la nature du blasphĂšme. (LĂ©garĂ© et BougaĂŻeff 17)
En prĂ©sentant ce quâil nâest pas, LĂ©garĂ© et BougaĂŻeff nous offrent une premiĂšre piste dâanalyse et dâobservation. Ăric Charette poursuit le travail de dĂ©finition dans son mĂ©moire de maĂźtrise de 1999. Selon lui, le sacre est un « mot du registre religieux particuliĂšrement en lien avec les objets liturgiques non acceptĂ©s socialement au QuĂ©bec et agissant comme interjection » (95). Charette va plus loin et identifie deux sous catĂ©gories de sacres. La premiĂšre qui agit comme interjection, comme « Hostie! Câest pas croyable! », et la seconde, qui agit comme spĂ©cifieur, nom ou adjectif, « mon cĂąlice de voisin... » (95). Si le juron est Ă©galement un mot du registre religieux selon Charette, celui-ci est socialement acceptĂ© au QuĂ©bec, comme cĂąline par exemple. Ă lâĂ©poque oĂč commencent Ă se multiplier les Ă©tudes sur le sacre, LĂ©garĂ© et BougaĂŻeff constatent que « [D]e nos jours, il est vrai, le juron sacre est regardĂ© par beaucoup de gens comme un chancre qui dĂ©figure notre physionomie nationale. Il serait, Ă les entendre (les puristes de la langue), un symptĂŽme de pauvretĂ© lexicale et, qui pis est, dâimbĂ©cilitĂ© avancĂ©e » (3). Or, jâavance quâau contraire, lâusage des sacres nâest pas un symptĂŽme de « pauvretĂ© lexicale » mais de crĂ©ativitĂ© et dâexpressivitĂ©, comme le soulignent Diane Blanchet et Ăric Charette. Quoique le sacre partage « le champ du tabou langagier avec le vocabulaire Ă caractĂšre sexuel et scatologique, il demeure une ressource privilĂ©giĂ©e par les QuĂ©bĂ©cois pour lâexpression des Ă©motions » (Vincent 1). Peu importe ce qu'en disent les puristes, les sacres font partie intĂ©grale de la variĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise et, par extension, des variĂ©tĂ©s canadiennes du français. MalgrĂ© les nombreuses tentatives d'Ă©radication du phĂ©nomĂšne du sacre par le clergĂ© ainsi que par les puristes de la langue, cette pratique demeure prĂ©sente et vivante (Blanchet 6).
ĂVOLUTION DIACHRONIQUE ET DIASTRATIQUE
En me basant sur les Ă©tudes qui composent le corpus Ă©tabli, je vais tenter de mettre en Ă©vidence les tendances Ă©volutives tant diachroniques (dans le temps) que diastratiques (des strates sociales). La langue est, par nature, en perpĂ©tuel changement. Lâusage des sacres nâen est pas moins. Depuis les premiers ouvrages sur la question, la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise a vu de grands changements. Lâorigine des sacres demeure un point de dĂ©part solide pour mettre en Ă©vidence lâĂ©volution diachronique et diastratique de la pratique. Il serait possible de postuler que les blasphĂšmes, vieux de quelques siĂšcles, sont Ă lâorigine des sacres. Dans son mĂ©moire, Charette propose un tableau qui prĂ©sente les diffĂ©rentes formes du blasphĂšme (146). Le tableau dĂ©signe trois formes du blasphĂšme : ancienne, transitoire et nouvelle. Avant 1800, la pratique du blasphĂšme se manifeste par un lexique provenant des membres et des organes du corps divin (par les plaies de Dieu, par le sang de Dieu, mortdieu, je renie dieu) (146). Ensuite, entre 1800-1850, le lexique est plutĂŽt composĂ© de termes comme baptĂȘme, tort Ă dieu, sacredieu (146). Par la suite, Charette dĂ©signe une pĂ©riode transitoire, entre 1850-80 au cours de laquelle le lexique des blasphĂšmes se construit autour de JĂ©sus Christ et de la Vierge Marie (Christ, vierge, vierge noire, sacrĂ© JĂ©sus) (146). AprĂšs 1880, une forme nouvelle sâinscrit dans la langue, la naissance de lâancĂȘtre du sacre (calice, ciboire, tabarnak, viarge, maudit, calvaire) (146). Câest le lexique de la derniĂšre pĂ©riode identifiĂ©e par Charette, post-1880 qui semble avoir alimentĂ© en grande partie le vocabulaire des sacres (146). Les neuf sacres les plus courants lors des annĂ©es quatre-vingt sont: « crisse, cĂąlice, tabarnac, osti, ciboire, viarge, sacrament, baptĂȘme et maudit » (LaperriĂšre, 227). Cette liste semble toujours, prĂšs dâun demi-siĂšcle plus tard, reprĂ©sentative du phĂ©nomĂšne. Si cette liste demeure semblable aprĂšs tant dâannĂ©es, les Ă©tudes sur le phĂ©nomĂšne prĂ©sentent dĂ©sormais les manifestations nombreuses du lexique. La liste des sacres communs a donnĂ© naissance Ă toute une gamme de dĂ©rivĂ©s et ce, Ă travers toutes les classes de mots. Un des marqueurs de lâĂ©volution diachronique des sacres est donc la naissance de dĂ©rivĂ©s multiples. Selon LĂ©garĂ© et BougaĂŻeff, les variantes morphologiques des sacres naissent dâun dĂ©sir de « modifier une forme originale de maniĂšre Ă masquer celle-ci pour Ă©chapper Ă la censure sociale qui sanctionne lâemploi du terme religieux dâorigine » (30). En effet, les jurons tels que dĂ©finis dans lâouvrage de Charette correspondent Ă ce que LĂ©garĂ© et BougaĂŻeff qualifient de dĂ©rivĂ©s morphologiques comme cĂąline (juron, socialement acceptĂ©) de cĂąlice (sacre), tabarnouche (juron, socialement acceptĂ©) de tabarnak (sacre) et ainsi de suite. Suivant cette logique, il nâest pas surprenant dâapprendre que, selon une Ă©tude de lâethnologue Jean-Pierre Pichette, « chaque canadien français, chaque quĂ©bĂ©cois surtout, a un rĂ©pertoire moyen de 130 jurons » (citĂ© dans « Atelier 8 Les jurons »). Lâampleur de ce lexique permet aux locuteurs une certaine crĂ©ativitĂ©, en plus de signaler, par son usage, une appartenance Ă une communautĂ© linguistique distincte. Bref, certains dĂ©rivĂ©s morphologiques sont nĂ©s de la nĂ©cessitĂ© de sâexprimer mais ce, en choquant moins. En effet, les fonctions du sacre ont Ă©voluĂ© avec le temps. En entrevue Ă Radio Canada, en 2021, Pichette explique:
On jurait pour impressionner. Jurer, câĂ©tait montrer quâon Ă©tait indĂ©pendant. IndĂ©pendant de qui? IndĂ©pendant de la religion qui nous disait de ne pas le faire, alors quâon utilisait ce vocabulaire-lĂ , hors contexte. CâĂ©tait aussi devant ses supĂ©rieurs, quelquâun qui jurait devant son patron, câĂ©tait lui dĂ©montrer quâon sâen foutait de ce quâil disait, mĂȘme chose devant ses parents bien sĂ»r. Donc, il y avait une volontĂ© de choquer. (MĂ©nard)
En 1984, LĂ©garĂ© et BougaĂŻeff notent Ă quel point dĂ©jĂ le sacre « exerce son emprise sur tous les groupes sociaux : des Ă©tudiants et des professeurs lâutilisent sans vergogne, des ouvriers et des professionnels y ont recours couramment, des femmes le rĂ©pĂštent maintenant Ă la maniĂšre des hommes, etc. » (2). Prenez note du mot maintenant qui suggĂšre une pĂ©riode oĂč les femmes « sacreuses » se faisaient rare. En effet, dans un livre intitulĂ© Pressions et impressions sur les sacres au QuĂ©bec publiĂ© en 1982, lâautrice postule que les femmes, surtout plus ĂągĂ©es, ne sacrent, pour la plupart, jamais ou rarement (Vincent 91). Avant mĂȘme que des Ă©tudes ne soient publiĂ©es sur la pratique, la pratique Ă©tait considĂ©rĂ©e comme Ă©tant propre aux hommes, surtout ceux issus de la classe populaire. Pour renchĂ©rir, Charette explique Ă©galement que « [P]our le jeune homme, dans les annĂ©es 50 environ, le droit de sacrer Ă©tait une forme d'affranchissement, comme celui de boire de lâalcool ou celui de fumer » (11). Si pour lâhomme, le sacrage fait de lui un « vrai homme », la femme, elle, est perçue, et ouvertement qualifiĂ©e de « fille de rien » qui « parle comme elle marche » et qui se « prend pour un homme » (Charette 11). DĂ©fier lâautoritĂ© patriarcale par lâusage subversif de termes religieux Ă©tait Ă©videmment mal vu pour la femme. Si les choses avancent pour la femme lors des dĂ©cennies soixante-dix et quatre-vingt, Charette note en 1999 que les femmes doivent toujours mieux soigner leur langue que les hommes : « [L]a tolĂ©rance est plus grande, certes, mais cette contrainte est toujours prĂ©sente » (12). De nos jours, les sacres semblent se faire entendre dans toutes les conversations ou presque. Pour la plupart, ils ne sont plus qualifiĂ©s de vulgaires ou de choquants tant ils se sont intĂ©grĂ©s en français quĂ©bĂ©cois. De plus, lâaction de sacrer accomplit une fonction identitaire importante en communiquant lâappartenance Ă une communautĂ© linguistique distincte et minoritaire (hors QuĂ©bec). Bref, les nombreux dĂ©rivĂ©s morphologiques constituent une des nombreuses facettes de lâĂ©volution diachronique du sacre. Du cĂŽtĂ© de lâĂ©volution diastratique, plusieurs changements ont Ă©tĂ© observĂ©s. LâidentitĂ© du « sacreur » nâest plus exclusivement jeune et masculine. La vague fĂ©ministe des annĂ©es soixante-dix, par exemple, a sans doute contribuĂ© Ă dĂ©construire lâimage mythique de « la femme » (câest-Ă -dire soumise, douce et confinĂ©e Ă sa demeure) que prĂ©servait depuis longtemps lâĂglise et par consĂ©quent, dissous certains prĂ©jugĂ©s sexistes. Somme toute, la relative stabilitĂ© du phĂ©nomĂšne pourrait ĂȘtre expliquĂ©e par le fait que les francophones du QuĂ©bec et du Canada forment des communautĂ©s linguistiques distinctes et minoritaires Ă lâĂ©chelle nationale.
CONCLUSION
En somme, jâai tentĂ© de mettre en Ă©vidence les origines du sacre en français quĂ©bĂ©cois afin dâexemplifier ensuite lâĂ©volution diachronique et diastratique de la pratique linguistique et culturelle. Comme le soulignent les experts depuis environ quatre dĂ©cennies et toujours aujourd'hui, le lexique des sacres et lâaction de sacrer permettent un certain sentiment dâappartenance Ă une communautĂ© linguistique et culturelle, soit du QuĂ©bec ou dâailleurs au Canada. Depuis la premiĂšre contribution sur la question, un livre de Gilles Charest, paru en 1974, les Ă©tudes et ouvrages se sont multipliĂ©s (LaperriĂšre 223). Le sacre est sans aucun doute un Ă©lĂ©ment distinctif du français quĂ©bĂ©cois qui contribue au maintien dâune communautĂ© linguistique par lâemploi dâintensifs qui tĂ©moignent de lâexpressivitĂ© et de la crĂ©ativitĂ© des locuteurs. Aujourdâhui, le sacre est devenu une « vĂ©ritable marque identitaire, il permet aux QuĂ©bĂ©cois francophones dâĂȘtre reconnus comme tels et de se reconnaĂźtre entre eux » (Vincent 1).
[1] Lâessai de dĂ©finition, en premiĂšre partie, sâattarde aux origines ainsi quâaux considĂ©rations sĂ©mantiques qui, bien quâelles puissent sembler pointilleuses, sont cruciales. Il faut comprendre en quoi les sacres sont liĂ©s (ou pas) au sacrĂ©, aux blasphĂšmes et aux injures, entre autres, afin de saisir lâusage et les fonctions identitaires qui leurs sont octroyĂ©es au sein de la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise.
[2] Par Ă©volution diastratique et diachronique, jâentends les tendances Ă©volutives qui ont traversĂ© les couches de la sociĂ©tĂ© Ă travers le temps. Les similaritĂ©s et les diffĂ©rences seront notĂ©es.
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